L'allée des cocotiers

 


Le cocotier 

Il n’a point de branches ; au sommet de sa tige, il érige une touffe de palmes.

La palme est l’insigne du triomphe, elle qui, aérienne, amplification de la

cime, s’élançant, s’élargissant dans la lumière où elle joue, succombe au poids

de sa liberté. Par le jour chaud et le long midi, le cocotier ouvre, écarte ses

palmes dans une extase heureuse, et au point où elles se séparent et divergent,

comme des crânes d’enfants s’appliquent les têtes grosses et vertes des cocos.

C’est ainsi que le cocotier fait le geste de montrer son cœur. Car les palmes

inférieures, tandis qu’il s’ouvre jusqu’au fond, se tiennent affaissées et

pendantes, et celles du milieu s’écartent de chaque côté tant qu’elles peuvent,

et celles du haut, relevées comme quelqu’un qui ne sait que faire de ses mains

ou comme un homme qui montre qu’il s’est rendu, font lentement un signe. La

hampe n’est point faite d’un bois inflexible, mais annelée et, comme une herbe,

souple et longue, elle est docile au rêve de la terre, soit qu’elle se porte vers le

soleil, soit que, sur les fleuves rapides et terreux ou au-dessus de la mer et du

ciel, elle incline sa touffe énorme.




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