Mafate, "gîte et couvert"
Origine du nom "Mafate"
Le nom donné au cirque "Mafate" viendrait d’un chef esclave marron d'origine malgache qui aurait élu domicile dans le cirque. Le mot Mafate proviendrait du malgache qui signifierait "celui qui tue".
Mafate reste jusqu’à aujourd’hui le symbole du marronnage, c'est à dire de l'esclavage à la Reunion. Le qualificatif « marrons » donnés aux esclaves en fuite viendrait de l’espagnol "cimarrón" signifiant sauvage.
Le peuplement du cirque
Les premiers habitants de Mafate furent des esclaves en fuite : les marrons. Évidemment, l'inaccessibilité et la géographie du cirque en sont les principales raisons.
A la fin du 18e siècle, le cirque a été peuplé de quelques colons et, notamment, ceux que l’on appellent, à La Réunion, les "Petits Blancs des hauts" ou "yab des hauts". De nombreux Blancs désargentés, privés de terres fertiles en raison du développement démographique, des règles successorales et de l’abolition de l’esclavage, ont préféré s’installer dans les hauts et parfois dans les cirques de l’île.
À l'époque de la colonisation, certaines familles obtinrent des concessions, d'autres non, mais s'installèrent tout de même, hors la loi, pensant être protégés des représailles par les remparts et l'isolement.
En 1874, le Service Forestier voulut chasser les habitants du cirque afin de procéder à son reboisement. Nul n'avait le droit alors de brûler une branche, même morte, sous peine de voir son habitation détruite ou d'être envoyé creuser le port de la Pointe des galets. Excédés, les Mafatais parvinrent à chasser, à coup de pierres et de bâtons, les forestiers, après bien des années de souffrances.
Ce n’est qu’au milieu du 20e siècle que l’attitude des autorités de l’île a changé et que le sort des habitants du cirque a pu s’améliorer.
Et à partir des années 1980, la modernité pénètre progressivement dans le cirque. Le tourisme a pu y ralentir l’exode des jeunes mafatais (en savoir plus sur la vie à Mafate).
A Mafate, la vie s'écoule lentement... Le cirque de Mafate, "isolé du monde", est un havre de paix. Plusieurs heures de marche sont nécessaires pour la moindre virée "dans les Bas" de l'ile de la Reunion.
Le ravitaillement, l’acheminement des secours et la distribution du courrier se font désormais principalement par hélicoptère, alors qu'auparavant, par évidence, non. Chaque îlet dispose donc d’une piste d’atterrissage d’hélicoptère. Pour le courrier postal, si l'hélicoptère est d'une grande aide, deux facteurs à Mafate se partagent la distribution à pieds à travers les sentiers, avec plusieurs kilos sur le dos.
La scolarité est assurée jusqu’à la fin du dernier cycle du primaire ; chaque îlet inclut une petite école, souvent d’une seule classe.
Aucun réseau électrique n’est installé dans le cirque ; chaque habitation et gîte d’étape exploite le soleil via des panneaux photovoltaïques disposés généralement sur le toit qui produisent assez d’électricité pour faire fonctionner quelques ampoules basse consommation et de petits appareils. Certains ont parfois recours à des groupes électrogènes. L'énergie solaire est également employée pour la production d’eau chaude.
Un réseau d’eau est cependant installé, car le lieu est très humide et le précieux liquide y est abondant ; à certains endroits, on ne peut faire cent mètres sans croiser de l'eau : une rivière, un torrent, un ru,...
La débrouille est ici art de vivre, et les habitants sont des pros du cumul : un petit boulot pour l'ONF Réunion de temps en temps, l'allocation de chômage ou le RMI parfois,... Par ailleurs, beaucoup exercent l'activité de gîte et table d'hôtes, et ils sont encore plus nombreux à manger les fruits et légumes "la cour" (= du jardin) et leur propre viande (notamment de la volaille).
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